Réveiller la mémoire du quartier Brancion/Perichaux

Les Jardins Partagés urbains sont aux villes ce que sont les Jardins Familiaux ( autrefois Jardins Ouvriers ) aux banlieues ( Voir l’article que j’ai consacré au Jardins Ouvriers sur ce Blog ) . Seule différence entre les deux : la taille des parcelles !!!  Tous deux permettent aux habitants des villes de pouvoir pratiquer le jardinage tout en tissant un lien social intergénérationnel . Beaucoup de parisiens sont d’anciens ruraux ou descendants de ruraux et retrouvent ainsi à travers ces jardins partagés un peu de leurs racines . C’est pour eux le trait d’union qui manquait entre le ville et la campagne . Ces jardins permettent aussi aux jeunes de plus en plus éloignés de la campagne de voir que les légumes ne poussent pas dans les rayons des supermarchés !!!

Jardins ouvriers Aubervilliers         Jardins partagés des Périchaux

Cultiver la vie de quartier ( Elodie Hameau )

 » Lieux privilégiés d’expression, ces jardins, dont chacun peut pousser la grille, sont aussi d’exceptionnels lieux de socialisation. Bien plus que de simples parcelles de terrain à jardiner, ils sont une occasion de rompre l’anonymat de la rue et de faire se rencontrer les habitants d’un même quartier, quelles que soient les barrières socio-culturelles ou générationnelles. Et ce, alors que le manque de cohésion et de lien social est une réalité criante dans les grandes villes. Un sondage TNS Sofres réalisé en mai 2006 montrait ainsi que seulement 50 % des personnes interrogées déclaraient discuter de temps en temps avec un voisin. Pour Frédéric Jésu, l’administrateur des Petits Passages, le pari de « son » jardin était de créer un espace solidaire au cœur de l’îlot Petit, une zone en pleine réhabilitation. « Par l’intermédiaire du jardin, il s’agissait de contribuer à développer une culture du quartier. Nos armes : des bêches, des graines et de la terre. »

Jardin de l’Aqueduc          Jardins de Bercy       Jardin du  » Poireau agile  »

Un moyen également de valoriser la grande diversité culturelle et socio-économique qui caractérise le quartier, d’en faire une source de richesse et non plus de conflits. « Ici les mélanges se font spontanément. Les gens poussent facilement la porte. Ils expérimentent parfois des cultures qui viennent de leurs pays » constate Frédéric Jésu . Car si le jardinage est une activité universelle, l’éclosion spectaculaire des jardins partagés ces dernières années semble symptomatique des maux dont souffrent aujourd’hui les grandes mégalopoles : individualisme et solitude, problèmes d’intégration, pollution, etc. Et si, en ces temps de crise, la solution se trouvait à portée de bêche ?  »

Les premiers Jardins urbains

Les Jardins collectifs urbains sont nés à New-York au début des années 1970 ,  sous le nom de  » Community gardens  » . Liz Christy , une artiste qui vivait dans le Lower East Side à Manhattan , se désolait du nombre de terrains vagues présent dans son quartier . Avec quelques amis elle tenta d’y remédier en lançant des  » bombes de graines  » ( seed bombs ) par dessus les grilles des terrains laissés à l’abandon afin de les transformer en jardins !!! Les  » Green Guerillas  » ( Guérillas vertes , nom donné aux association de jardins communautaires ) étaient nés . Il existe aujourd’hui plus de 600  » Community Gardens à New-York , des milliers de jardins communautaires à travers l’Amérique du Nord .

Community gardens à New-York

Les jardins partagés

Les premiers jardins partagés en France verront le jour à Lille en 1997 , puis à Paris en 2002 . Paris possède aujourd’hui plus d’une cinquantaine de jardins partagés répartis dans presque tous les arrondissements parisiens .

Les jardins partagés sont des lieux d’échange et de rencontre entre les générations et les cultures des habitants d’un quartier . Se sont des jardins de proximité gérés par des associations souvent créées par les riverains . Ces lieux ont un rôle d’éducation, d’insertion et de création de lien social par le biais des nombreuses animations proposées aussi bien culturelles, pédagogiques, artistiques ou festives . Les habitants s’approprient leur cadre de vie et retrouvent un lien avec la nature ce qui entraîne le respect de l’environnement et le développement de la biodiversité végétale au sein de la ville . Contrairement aux jardins familiaux, ces jardins sont ouverts au public et, la plupart du temps, ne sont pas découpés en parcelles individuelles.

 

Jardins partagés parisiens

Définition donnée par la proposition de loi : « On entend par jardins partagés les jardins créés ou animés collectivement, ayant pour objet de développer des liens sociaux de proximité par le biais d’activités sociales, culturelles ou éducatives et étant accessibles au public. » L’emploi du terme « jardin partagé » entraîne une confusion chez certaines associations. En effet les différents membres de l’association « Le Jardin Dans Tous Ses Etats » s’étaient mis d’accord sur une définition du jardin partagé autre que celle donnée par la proposition de loi. Les jardins partagés englobaient les jardins : d’insertion économique, éducatifs, d’insertion sociale, collectifs, familiaux ouverts et enfin les jardins communautaires dont la définition correspond à celle des « jardins partagés » donnée par la proposition de loi. Le terme « jardin communautaire » est issu de la traduction du terme « community garden » employé à New York. Ce terme n’a pas été retenu lors de l’élaboration de la proposition de loi car il peut prêter à confusion. Les personnes pourraient percevoir le « jardin communautaire » comme le jardin d’une seule communauté ce qui est en totale contradiction avec ces jardins. Aujourd’hui le terme « jardin communautaire » est toujours employé à Lille alors que sur Paris les associations ont adopté le terme jardin partagé .

  » Community garden « 

 

Les Jardins partagés des Périchaux

   C’est en 2009 qu’ils voient le jour au milieu de l’ensemble d’immeubles des Périchaux dans le XVème arrondissement non loin de la porte Brancion . Ils seront aménagés sur un ancien terrain de basket du quartier sur lequel on a versé 40 cm de terre végétale . Ce jardin  de 350 mètres carrés , est découpé en cinquante parcelles de 3.50 mètres carrés , chaque bande à deux à trois mètres de large . Il est le premier du genre à voir naissance dans cet arrondissement . Il comprend en outre 10 grandes jardinières qui permettent aux enfants et aux personnes âgées de pouvoir aussi se livrer aux joies du jardinage . Seule une petite partie du jardin est en pleine terre . Il est géré par l’association  » Entr’aid  » dans le cadre du programme  » Main Verte  » des jardins partagés de Paris et il est  financé pour partie par Paris Habitat et la ville et pour le reste du financement il est pris en charge par l’OPAC , le tout pour un montant de 38 000 € . Le gros entretien du site est à la charge de l’OPAC et l’association  » Entr’aid  » prend en charge les frais de jardinage ( achats de graines , de matériel , manifestations diverses dans le jardin) ; la fourniture d’eau est également financée par l’association . Ce jardin accessible depuis la rue n’est pas exclusivement réservé aux habitants des Périchaux , mais il est aussi ouvert à l’ensemble de la population de l’arrondissement .

           

Cette association  » Entr’aide  » compte favoriser des rencontres intergénérationnelles avec les jeunes souvent de cultures , de milieux  et de nationalités différentes grâce à ses activités de jardinage . Ils permettent également de tisser des relations entre les différents lieux de vie : écoles , cités , maisons de retraites , hôpitaux etc.

Ne manquez pas de venir les découvrir à l’occasion de la  » Fête des Jardins  » qui aura lieu Samedi 25 l’après midi et dimanche 26 octobre 2010 de 11 heures à 19 heures , de nombreuses manifestations seront organisées ( troc de graines , boutures et plantes ainsi que des démonstrations de plantation et de récolte avec les enfants ) . Si vous désirez en savoir plus sur ces jardins partagés des Périchaux  l’association « Paris Visites Urbaines » vous y invite, par l’intermédiaire des locataires des Périchaux et de Brançion, le 16 octobre à 14h30 . Nous parlerons de ce jardin, du théâtre Silvia Monfort en y étant reçu et bien sur de ce qui fut le poumon « rouge » de ce quartier : les abattoirs généraux de Vaugirard en lieu et place du Parc Georges Brassens ainsi que  l’abattoir hippophagique de Vaugirard qu’occupe en partie aujourd’hui le théâtre Silvia Montfort . Vraiment un quartier très riche en histoire industrielle, culturelle. En plus, c’est gratuit ! Ne manquez pas de venir nombreux à ces deux rendez-vous  !!!